LE BEC MAGAZINE

Militantisme : combien ça coûte ?

14.04.2022

balance femme soleil lune

par Sarah Lahouari

 

Quand on est engagé.e pour une cause, cela représente des coûts.

Un coût physique et un coût psychologique.

Faut encaisser les remarques blessantes, les propos violents, les menaces, les insultes, les violences physiques parfois, les témoignages des personnes que personne n’a écoutées, l’écho à nos propres vécus et l’inaction de ceux et celles qui sont censés nous protéger et respecter nos droits…

Avec tout ça là, on se débrouille.

On se débrouille pour ne pas craquer.

Avec un peu de chance, on a autour de nous des personnes bienveillantes qui nous écoutent à leur tour.

Avec beaucoup de chance et l’argent nécessaire, on peut consulter des professionnels pour nous aider à ne pas exploser…

On a conscience du prix à payer…

On le paye tous les jours.

 

Il y a aussi un autre coût : la garde des enfants si on en a, pendant qu’on participe à une action ou un événement en lien avec l’engagement.

Il y aussi ce coût en termes de charge mentale, parce qu’il faut concilier au mieux vie privée, vie pro et vie tout court…

Il y a aussi ces coûts : frais de transport et de repas.

Il y a aussi un coût (invisibilisé) du temps consacré à la recherche, à la lecture, à la création, à l’élaboration d’outils, de projets ou à la préparation d’une intervention, à la coordination, pour faire les choses bien et ne pas dire ou faire de la merde.

 

On ne s’engage ni pour la gloire ni pour l’argent.

Ça se saurait depuis le temps si être féministe ça rapportait un pognon de dingue !

Le sens des réalités, on l’a.

On sait que l’égalité ce n’est pas pour demain…

Se battre, il va falloir encore continuer…

On s’engage parce qu’on essaie à notre échelle d’agir pour un monde plus juste et moins violent.

C’est peut-être utopique.

Mais, perso, je préfère essayer que de ne rien faire.

 

Quand on essaie de rémunérer des militant.e.s, des artistes, des spécialistes, des chercheur.se.s, des auteur.ice.s, ce n’est pas pour se faire du fric sur le dos d’une cause…

Non.

C’est pour justement visibiliser et couvrir a minima les coûts.

A minima, parce que ça se saurait aussi si les moyens alloués (entre autres) pour les droits des femmes et pour la lutte contre les violences sexistes, sexuelles, étaient à la hauteur des enjeux et des besoins.

Bref, à celles et ceux qui crachent sur les personnes qui tentent de faire bouger les croyances, les consciences et les comportements, sachez qu’être engagé.e ce n’est pas le bon plan de carrière pour se faire du fric.

Ce n’est pas non plus le bon plan pour avoir une super santé, une reconnaissance et la paix…

Mais heureusement, tant bien que mal, nous arrivons à créer des espaces, des rencontres où pendant quelques instants, on sait qu’on ne s’engage pas pour rien…

 

 

 

Cet article vous a plu ? Pour encourager la publication
des prochains numéros, inscrivez-vous simplement à notre newsletter !

Newsletter


Vous aimerez peut-être aussi :

Lire aussi sur la thématique :
   À LA UNE  |  OPINIONS