LE BEC MAGAZINE

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DANGEREUSEMENT PORNOGRAPHIQUE

01.03.2022

par Tobu

En décembre 2017, alors que nous vaquions tranquillement à nos occupations favorites, Mark Zuckerberg – Zuckie pour les intimes – faisait de même. Éloigné des préoccupations communes à l’humanité en cette période de Noël, notre ami passa donc sa soirée à s’assurer que ses clients de Facebook ne soient pas traumatisés par une quelconque publication malveillante, de celles qui vous hantent des années durant, comme cette fameuse photo de Papi Georges en string sur son tracteur.  

Attablé à son bureau, dans la pénombre de sa chambre aux murs couverts de posters des Bioman et les yeux rivés à l’écran, les images défilaient inlassablement et Zuckie veillait au grain. Au menu ce soir de décembre, quelques sympathiques photos d’une lapidation d’un voleur de stylo Bic, une vidéo bon enfant d’appel au clouage d’immigrés aux portes des églises, deux ou trois textes soulevant les épineux et indéniables problèmes que posent tout Noir, juif, Arabe, femme, Inuit et tennisman, bref... tout était en ordre. L’humanité pouvait dormir d’un œil tranquille. Rien ne semblait susceptible de troubler sa quiétude.

Quand soudain, Zuckie tressaillit. Il fut subitement gagné par un spasme de l’oreille droite, signe qu’une poussée de sécrétion biliaire remontait dans son œsophage et allait faire flotter sa glotte d’un moment à l’autre. Horreur ! Un insensé venait de transgresser les normes. Un fou dément assoiffé de vices avait bafoué LA règle : ce corps offert à tous et toutes ! Ces énormes seins dénudés, aguicheurs, suintant le stupre et la fornication ! Cette pornographie en heure de grande écoute ! Voilà qui dépassait toutes les limites, même les plus roccosifrediennes. Toutes les lumières de sa chambre virèrent au rouge et se mirent soudainement à clignoter. Les posters de Force Jaune et Force Rouge se décollèrent tout seuls, les diodes de son modem commencèrent à fondre et une sirène stridente retentit dans un vacarme assourdissant. Zuckie, d’un geste brusque, balaya le rouleau de PQ qui trônait sur son bureau, puis enfonça le bouton rouge qui allait sauver le monde : « Non publiable car pouvant choquer. »

Les sirènes cessèrent, les diodes reprirent leur teinte de jouvencelle et notre bonhomme esquissa un sourire.

« Du bon boulot », murmura-t-il.

« Heureusement que Zuckie est là », ajouta-t-il pour lui-même.

Notre héros venait de censurer une photo de la Vénus de Willendorf, considérant ainsi « dangereusement pornographique » une sculpture de 26 000 ans réalisée par un chasseur-cueilleur du paléolithique raffolant de gros nichons. 

Bravo.

Mais si seulement nous parlions d’un cas isolé… Combien de tétons féminins sacrifiés sur l’autel médiatique ?

Pensez donc, Janet Jackson et le « Nipplegate » en 2004. Deux secondes de seins télévisés et c’est une page Wikipedia en 10 volumes, incluant les répercussions internationales ! Presque 20 ans plus tard, Instagram bloque la publication de l’affiche du dernier film d’Almodovar Madres Paralelas, pour atteinte à la pudeur. Et entre-temps, les aléas du topless sur les plages de France, de Navarre et d’Abu Dhabi… 

En résumé, un téton dehors et c’est le cataclysme. Ni les dodos ni les Mohicans ne se seraient éteints si leurs compagnes avaient porté des soutifs. 

Ces tristes histoires vraies m’ont conduit à cette réflexion : mais quel est donc l’élément rendant le téton féminin si démoniaque, alors que le celui de l’homme est, selon les normes en vigueur, si aimable et si guilleret ?

Certains penseront que l’origine de cette inégalité réside dans une culture qui considère le corps des femmes comme un objet sur lequel exercer un contrôle

Soit. Monsieur aime le contrôle. Certes, il est attiré par le joystick. Mais ce n’est pas tout. Il est également très mauvais perdant. Ainsi, je soumettrais les trois hypothèses suivantes afin d’expliciter cette relation ambiguë que porte la gent masculine envers la Tétonie : 

  1. Avec sa majestuosité, le téton féminin est un Taj Mahal à la cime d’un paysage vallonné, verdoyant et bucolique. Il fait de son homologue masculin un nain de jardin dans un camping-caravaning au beau milieu de la Belgique, ce qui ne plaît pas à Monsieur. 
  2. Il est tranquillisant, sevrant, accueillant. Il se partage, donne et reçoit en retour. Quant à sa faculté de rassurer, Pfizer est un gardon, le téton féminin une baleine bleue. Celui de Monsieur est un kyste mal soigné. Profondément hypocondriaque, cette histoire ne plaît décidément pas à Monsieur. 
  3. Le téton féminin est athée. Monsieur croit dur comme fer en un barbu imaginaire qui, après avoir façonné l’humanité, se gratte le morceau en baillant, allongé sur un nuage depuis des milliers d’années. C’en est trop ! Monsieur se lève et appuie sur le bouton rouge ! 

On vous avait prévenus !

Gardons en mémoire que Monsieur possède 150 000 km de réseau nerveux, mais seulement 10 cm de bite. 

Et quelqu’un doit payer pour une telle injustice.

 

 

 

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