YouTube : vidéos sexistes et clichés de genre
par Annie
Un rapport de la Fondation des femmes
La Fondation des femmes a publié le jeudi 26 août un rapport : « Numérique : le sexisme en liberté ». Menée en partenariat avec Sciences Po, l’étude présente des chiffres édifiants : 34,7 % des vidéos les plus vues sur YouTube entre 2019 et 2020 présentent une « image dégradante des femmes ». En comparaison, une étude similaire du CSA portant sur la période 2017-2018 évaluait à 15,5 % ce même type de contenus. « La situation, déjà mauvaise, s’aggrave plutôt, confinement ou non », prévient Sylvie Pierre-Brossolette, la coordinatrice du rapport.
La Fondation des femmes a visionné les 200 vidéos les plus consultées sur YouTube, en majorité des clips musicaux. On y constate une sur-représentation masculine (62,1 % des premiers rôles reviennent à des hommes, contre 16,2 % pour les femmes). Les stéréotypes masculins y ont la part belle : hommes « hyper virils », « protecteurs » et « machos ». Quant aux femmes, 78 contenus sur les 200 les font passer de la créature « sentimentale » à « la poupée », sans oublier la « séductrice » et la « vénale ». Sans nuance, valeurs positives contre valeurs négatives…
Femme, objet sexuel ou décoratif
Dans plus de 20 % des vidéos YouTube, les personnes sexualisées sont des femmes. « Ces femmes ne sont pas nues, ni partiellement, ni totalement, mais leur corps est objectifié par des procédés bien plus insidieux, le plus récurrent étant les jeux de caméra dirigés de façon à montrer les différents attributs féminins (68 %), ainsi que leurs mouvements érotiques et poses lascives (31 %) », note le rapport. Le corps féminin se « choséifie » : corps-à-vendre, corps-à-prendre. Il passe sous le biais des normes masculines et dépend essentiellement du regard de l’homme. Et l’on sait que la chosification autorise toutes les violences.
La persistance d’images de sexualisation à outrance du corps féminin empêche toute possibilité pour les uns et pour les autres de penser des pratiques asexuées. Et d’échapper aux normes sociales genrées.
Le numérique échappe aux lois auxquelles sont soumises la publicité ou la communication audiovisuelle (qui sont loin d’être parfaites). Le rapport préconise qu’Internet rentre dans le champ de la loi ainsi que quelques autres solutions qui paraissent bien insuffisantes : priver de financement les vidéos sexistes, inviter YouTube à faire le ménage. Il faudrait évidemment cesser de regarder ces vidéos, peut-être boycotter YouTube. Certain.e.s le proposent.
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