Boys'Love
Les jeunes Chinoises aiment les "Boys'Love" !
par Marie Josèphe Moncorgé
La consommation genrée emprunte des chemins bizarres !
Un article de Courrier International publié le 18 octobre 2021 m'apprend à la fois qu'il existe des vidéos de type "Boys'Love" (amours entre garçons), qui ont un grand succès auprès du public féminin, et que ces vidéos viennent d'être censurées en Chine.
Un peu d'histoire
Le "Boys'Love" est issu des mangas japonais. Des "homo-romances" sont publiées dans des magazines des années 1970. Un premier manga est entièrement consacré à une de ces romances en 1978. Et, curieusement (pour moi), ces mangas, d'un format court d'une trentaine de pages, où l'histoire est moins développée que le sexe, obtiennent un grand succès auprès du public féminin japonais. Certains de ces mangas sont en fait écrits par des femmes.
Connue sous le terme de Boys'Love (ou yaoi, terme passé de mode maintenant) à partir des années 1990, cette littérature érotique décrit des relations sexuelles différentes des stéréotypes hétérosexuels. En Chine comme au Japon, les relations de couple sont très codifiées, les femmes y trouvent des histoires d'amour différentes du modèle patriarcal.
Pendant une dizaine d'années, cette littérature érotique décrit des scènes de violence et de viols, dans un cadre homosexuel. Et ces mangas gays ont particulièrement mauvaise réputation.
Du manga à la vidéo
À partir des années 2000 et le développement des mouvements LGBTQ+, les productions sont plus qualitatives et les récits malsains plus rares : les mangas de la période précédente sont accusés d'être homophobes ou de renforcer la misogynie de la société japonaise. Les héros sont généralement des adolescents ou de jeunes hommes de type androgyne (bishônen) ou efféminés, loin des codes du mâle viril.
Quand les mangas japonais commencent à être adaptés au cinéma, les romances homosexuelles se développent sous forme de séries télévisées. La production de vidéos Boys'Love se développe également en Chine et en Corée du Sud. Actuellement, des plateformes comme Tik Tok (https://www.tiktok.com/@yaois.x) diffusent de courtes vidéos de Boys'Love.
Elles ne rêvent pas du prince charmant mais des Boys'Love !
Les jeunes Chinoises se sentiraient libérées des codes patriarcaux trop rigides et d'une vision binaire du genre. Elles pourraient même s'identifier à ces héros androgynes qui semblent vivre une relation différente de celle des couples hétérosexuels. Elles seraient confrontées à une vision plus égalitaire du couple et pourraient rêver plus facilement devant ces histoires d'amour idylliques et elles aussi très stéréotypées. Si les courtes vidéos de Tik Tok ne semblent pas comporter de scènes de violence, de nombreuses vidéos plus anciennes, plus longues, comme dans les mangas, débutent souvent par une ou plusieurs scènes de viol. Ces viols semblent être présentés de manière peu réaliste et les violés, subissant le désir brutal de leur partenaire, finiraient par jouir ! C'est nier la notion de consentement.
Heureusement, certains mangas et films les plus récents semblent s'être débarrassés des clichés les plus sexistes sur le viol et le consentement. La censure des Boys'Love par le gouvernement chinois entre dans le cadre d'une politique de contrôle de l'influence étrangère sur la jeunesse chinoise, afin de supprimer, dans les jeux vidéo, les films et les dessins animés, ce que les instances politiques appellent la culture malsaine : culte de l'argent, violence, pornographie, homosexualité, personnages efféminés, ainsi que la culture japonaise.
Pour en savoir plus :
L'article sur la censure des Boys'Love : https://www.courrierinternational.com/article/decryptage-ce-que-les-chinoises-perdent-avec-la-censure-du-boys-love
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