Elle enfante, il contrôle
par P. Di Scala
S’asseoir les jambes écartées ? Pas élégant. Montrer ses seins ? Provocateur. Porter un crop top, une minijupe ou un short au collège ? Déviant. Entrer dans la chapelle Sixtine les épaules dénudées ? Irrespectueux. Porter une robe courte après 22 heures dans la rue ? Dangereux.
Le Code civil précise que « le corps humain est inviolable » et que « chacun a droit au respect de son corps ». Mais les femmes sont-elles des êtres humains comme les autres lorsqu’il s’agit de disposer de leur corps comme elles le souhaitent ? Pas si sûr…
Du jour de sa naissance à celle de son premier enfant, les épisodes de la vie d’une femme sont jalonnés des attentes que lui imposent ses parents, ses compagnons, ses patrons, ses médecins : choisir ses vêtements, sa contraception, son métier, puis choisir de devenir mère ou non ne relèvent pas toujours de son libre arbitre.
Les femmes artistes sont-elles plus libres de leur corps ? « Que nenni », nous dit Laure Adler dans son ouvrage Le Corps des femmes – « Ce que les artistes ont voulu faire de nous », le mot « pinceau » vient de penicillus, « petit pénis », ce qui en dit long sur l’accueil qui leur est fait dans le milieu artistique. Il faut attendre les années 1880 pour qu’elles puissent s’inscrire dans les écoles d’art et prétendre être artistes, mais seuls les garçons ont le droit de dessiner des modèles féminins nus. Les filles n’ont droit ni aux hommes ni aux femmes nues. Camille Claudel en fera les frais, obligée de couvrir ses sculptures pour qu’elles soient exposées quand Rodin peut les montrer dans toute leur nudité…
Un siècle plus tard, des artistes femmes peindront leur corps « pour se le réapproprier », nous dit Laure Adler.
Mais que ferait une femme si elle se retrouvait dans un corps d’homme ? C’est ce qu’imaginent Hubert et Zanzim dans un conte fantastique, Peau d’homme. Dérogeant à la sacro-sainte règle du genre, le « male gaze » (regard masculin), qui représente la femme comme un objet érotique et la soumet, niant sa subjectivité et sa puissance d’agir, ils nous racontent l’histoire de la princesse Bianca, promise par ses parents à Giovanni, qu’elle ne connaît pas. Sa marraine lui dévoile alors le secret des femmes de sa famille : une peau d’homme va lui permettre de changer de sexe momentanément. Elle découvre les mœurs, les désirs et les libertés que connaissent les hommes, mais aussi les clichés qu’ils entretiennent au sujet des femmes. Bianca est alors capable de pointer les hypocrisies des hommes, d’exprimer son désir et de trouver des compromis qui satisferont les deux membres du couple.
Ordinaire, artiste ou princesse, la femme semble bel et bien sanglée dans un corps qui peut être, même si le Code civil l’interdit, « l’objet d’un droit patrimonial », c'est-à-dire un corps dont elle ne peut pas toujours disposer selon sa volonté.
Pourquoi le corps des femmes est-il l’objet de tant d’injonctions ?
Sophie Bessis, chercheuse associée à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), secrétaire générale adjointe de la Fédération internationale pour les droits humains, agrégée d’histoire, creuse le sujet dans un texte traitant du contrôle du corps des femmes dans l’histoire.
Pour contrôler la maternité
Contrôler le corps des femmes, c’est vieux comme le monde, dit-elle. Aussi ancien que la domination masculine. Objectif ? Le contrôle de la maternité. La sexualité féminine doit être maîtrisée parce qu’elle doit assurer la fonction reproductive au profit des mâles. Selon elle, un problème tarauderait les hommes depuis la nuit des temps : la nécessité de passer par une femme pour se reproduire à l’identique, c’est-à-dire pour se donner des fils. En somme, pour que la race (au sens étymologique de « généalogie ») des hommes se perpétue, ces derniers doivent avoir à leur disposition des femmes qui leur donneront des fils.
Sophie Bessis se tourne ensuite vers Françoise Héritier (in Masculin/Féminin) : le fait que l’homme ne peut se reproduire par lui-même permet de comprendre les mécanismes de la dépossession des femmes. La hiérarchie entre hommes et femmes serait la conséquence de cette dépossession initiale, « laquelle est en fait une réponse face au privilège féminin »… Privilège féminin que celui de l’enfantement, mais attention, des fils plutôt que des filles… Qui n’a pas entendu au moins une fois l’histoire du couple « persévérant », qui a fini, après 3, 4 ou 5 filles, par atteindre le Graal, le garçon…
Le seul corps humain sur lequel on légifère est celui des femmes
Bon, mais comment les hommes vont-ils lutter contre cette frustration de ne pas être les créateurs ? Par la codification de « systèmes de parenté visant à la soumission des femmes à l’ordre masculin. Dans ce système, les religions auraient servi à sacraliser les injonctions à travers lesquelles s’exerce la domination patriarcale. »
Précision : la « codification des systèmes de parenté » à laquelle il est fait allusion ici recouvre la législation encadrant le mariage et la filiation.
Mariage, filiation… J’entends ma belle-mère, qui avait déjà eu du mal à digérer notre refus du mariage, s’offusquer de ce que mes filles portent mon nom et pas celui de leurs pères. Et mon beau-frère de m’en expliquer doctement la raison : « Seules les femmes sont sûres de savoir qui est le père de leur enfant, alors tu comprends, c’est un problème de ne pas nommer nos enfants comme leur père… » Et cet ami qui, récemment, a demandé à l’une de mes filles d’abord si elle aimait son père, ensuite si le fait de porter mon patronyme ne la gênait pas…
Les religions ont ainsi construit des normes de dominations pour légiférer sur le corps des femmes, enfermant celui-ci « dans un corset d’obligations et d’interdits. Le seul corps humain sur lequel on légifère est celui des femmes, les appareils juridiques de contrainte ont tous pour objectif de valoriser la fonction maternelle et de démoniser la féminité. »
Légiférer sur le corps des femmes… Où en sommes-nous, en France, aujourd’hui ? En septembre dernier, une de mes petites-filles a participé à un mouvement de contestation du règlement intérieur de son collège qui interdisait aux filles de porter des jupes courtes. Cet établissement public de la banlieue d’une grande ville est-il le seul à encore « légiférer sur le corps des femmes » ? Je crains que non, après avoir lu le règlement intérieur d’un lycée niçois pour l’année scolaire 2021-2022. Extrait : « Pas de tenue trop dévêtue (décolleté, débardeurs très échancrés, sous-vêtements visibles, ventres dénudés, shorts, tongs…) ; pas d’apparence trop marquée (couleur de cheveux, piercings, maquillage…). »
Et la sexualité ?
Si la principale fonction du corps féminin est la maternité, qu’en est-il alors du désir des femmes ? D’un point de vue religieux, il est forcément l’œuvre du diable. C’est pourquoi la sexualité des femmes doit absolument être contrôlée afin « d’établir la véracité de la filiation ».
Ce contrôle de la sexualité des femmes me rappelle la lutte de travailleuses du sexe consentantes et syndiquées contre les lois interdisant la prostitution en France et dans d’autres pays européens. Leur argument : nous avons choisi ce métier, donc nous ne sommes pas des victimes. Leur réflexion : user librement de son corps pour gagner sa vie implique que notre corps nous appartient et que nous en faisons ce que nous voulons, ce qui n’est pas du goût des hommes, dont certains, par ailleurs, profitent… Ni de certaines féministes non plus, pas les dernières à leur emboîter le pas au motif qu’une société soucieuse de la condition des femmes doit les protéger d’une activité qu’elles ne peuvent pas avoir librement choisie….
Le corps des femmes : un objet de transaction entre hommes
Autre conséquence de cette prise de pouvoir sur nos corps, selon Sophie Bessis : en leur qualité de « productrices de fils et accessoirement de filles futures mères, les femmes sont un objet de transaction entre mâles (Lévi-Strauss et l’échange des femmes), transaction dans laquelle elles n’ont pas à intervenir. La disposition, existant encore dans la législation de nombreux pays, selon laquelle le violeur qui épouse la fille violée échappe à toute sanction, est une modalité de cette transaction entre hommes. »
Bon, on pourrait se réjouir que ce point ne concerne pas les pays où la religion n’est plus un système de gouvernement, comme le nôtre. En France, les femmes choisissent de se marier avec qui elles veulent, ce qui n’est malheureusement pas le cas dans nombre de pays d’Afrique et d’ailleurs. Mais quid du viol conjugal ? Depuis quand est-il reconnu par le droit français ? Depuis la loi n° 2010-769 du… 9 juillet 2010 qui abroge définitivement la présomption de consentement des époux à l’acte sexuel. Pas de quoi pavoiser…
Déprécier le corps des femmes pour le dominer
Mais quel est le lien entre le contrôle du corps et sa domination ? « On peut difficilement soumettre son égal, continue Sophie Bessis. Le statut des femmes dans l’Antiquité n’est pas éloigné de celui des esclaves. Aristote les rapproche en en faisant les deux catégories humaines dépourvues d’âme. Les philosophes grecs ont théorisé l’infériorité des femmes, le droit romain a légalisé leur subordination. […] Pour Aristote toujours, un rapport est réussi si la semence impose le masculin. Donc la naissance d’une fille signe l’échec de l’homme. Voilà une des explications de la permanence de l’infanticide des filles (remplacé aujourd’hui par l’avortement sélectif, étrangement toléré par l’ordre masculin car il sert sa domination) dans certaines civilisations asiatiques (Inde, Chine, Corée essentiellement) […]. »
Pour marquer un peu plus encore la frontière entre les hommes et les femmes, Sophie Bessis nous apprend que les religions et les coutumes ont interprété les faits biologiques en séparant le pur de l’impur : le sang menstruel des femmes est impur, il instaure la limite entre le permis et l’interdit, comparé au sang de l’homme qui reflète son statut de guerrier. « Pour le bouddhisme, menstrues et sang de l’accouchement condamnaient les femmes à tomber dans un enfer spécifique, l’Étang de Sang, dont elles ne pouvaient échapper qu’après certains rites exécutés par des prêtres, moyennant finances. »
Questions : parlons-nous librement de nos règles ? Faisons-nous l'amour librement pendant nos règles ? Les désagréments qui les accompagnent souvent sont-ils un motif reconnu d’absence au travail ou à l’école ? Les protections périodiques ne sont-elles pas encore aujourd’hui la seule affaire des femmes ?
Les pratiques natalistes
Poursuivons l’exploration des diktats : la nécessité de perpétuer la race généalogique donne à toutes les religions leur caractère nataliste. Ainsi sont proscrites la contraception, la masturbation, l’homosexualité, et toutes les pratiques qui n’ont pas « explicitement pour objectif la procréation ». Mais il ne s’agit pas que de reproduction de l’espèce. De nombreuses études montrent que hommes et femmes ne se retrouvent pas sur ce point : « Plus d’un quart des naissances mondiales annuelles sont des naissances non désirées par les femmes. » Les hommes seraient plus désireux d’être pères pour assigner leurs compagnes au seul rôle de reproductrices et pour se « rassurer sur le caractère performatif de leur semence, signe de leur virilité ». Il est vrai que la stérilité masculine fait encore bien souvent l’objet d’un tabou.
25 % des naissances non désirées par les femmes ? Alors cette femme de 35 ans, résolument sans enfant, confrontée à l’incompréhension de son entourage devant son refus du « plus beau métier du monde, accomplissement de toute vie de femme », ne serait pas une exception, comme tout le monde semble le penser ?
« Historiquement, les principales pratiques natalistes sont la polygamie, le lévirat (obligation que la loi de Moïse imposait au frère d’un défunt d’épouser sa veuve sans enfants), le mariage des filles dès la puberté, l’interdiction des pratiques contraceptives et abortives qui relèvent dans toutes les civilisations de la transgression par les femmes de leur fonction assignée. Dans ce domaine toutefois, les religions ont des stratégies normatives différentes. Le christianisme institue la monogamie mais en faisant du mariage un sacrement indissoluble. Le judaïsme a aboli la polygamie au XIᵉ siècle. L’islam a interdit le lévirat et l’infanticide des filles (ce dernier est également inexistant dans les deux autres monothéismes). »
De toutes les pratiques natalistes, quelles sont celles qui ont résisté au temps ? « La polygamie, l’âge du mariage des filles, la limitation de la contraception et l’interdiction de l’avortement sont les domaines dans lesquels la normativité religieuse et/ou coutumière résiste le plus aux évolutions. »
Mais poursuivons, nous allons arriver plus près, très près de nous : « L’interdiction ou la limitation de la contraception et de l’avortement sont également directement liées à l’influence de la norme religieuse nataliste. » Pour résumer, plus le catholicisme est puissant dans un pays, plus les lois encadrant la contraception y sont restrictives. L’avortement est resté interdit en Irlande jusqu’en 2018. Il reste totalement interdit à Malte et, depuis janvier dernier, autorisé uniquement en cas d’inceste, de viol ou de danger pour la vie de la mère en Pologne. Dans les pays où l’IVG est légale, par exemple en Italie, 71 % des médecins invoquent la clause de conscience pour refuser de la pratiquer. Mieux, la Maltaise Roberta Metsola, élue à la présidence du Parlement européen en janvier 2022, est une farouche adversaire de l’IVG et de la contraception. Rappelons enfin qu’au Texas, il est quasiment impossible d’avorter depuis septembre 2021, et ce malgré toutes les tentatives de Joe Biden soutenues par une partie de l’opinion américaine pour empêcher l’entrée en vigueur de la nouvelle législation.
Les vestiges religieux
Soit, mais si les sociétés se débarrassent de la religion, peut-on penser que les femmes pourront enfin disposer de leur corps comme elles l’entendent ? Pas forcément, comme nous le rappelle Sophie Bessis : « Le corset religieux et traditionnel a été contraint de céder dans les sociétés en voie de modernisation. L’histoire montre que dans toutes les sociétés, les droits des femmes ont connu des avancées parallèles aux processus de sécularisation. Mais, on l’a vu aussi, la religion est une superstructure de la domination masculine, laquelle ne s’évanouit donc pas automatiquement avec le recul du religieux. »
La religion, superstructure de la domination masculine ! Bigre !
« La France offre un bon exemple de l’absence d’automaticité entre sécularisation et élargissement de la notion de droits de l’homme à ceux des femmes. »
Ah bon ? Et nous qui nous pensions le phare du monde depuis la séparation de l’Église et de l’État…
« Ayant connu de 1789 à 1794 la révolution la plus anticléricale d’Europe, puis la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, la France n’en a pas moins dénié longtemps des droits élémentaires aux femmes, en particulier sur la question du corps. On sait que le Code civil de 1804 en fait des mineures juridiques totales. » La politique nataliste des XIXᵉ et XXᵉ siècles interdit totalement l’avortement. « Le régime fasciste de Vichy de 1940 à 1944 aggravera encore les sanctions en instituant la peine de mort pour les “avorteuses”. Il faudra attendre la loi Neuwirth de 1967 pour autoriser la contraception et la fameuse loi Weil de 1974 pour enfin légaliser l’IVG, à la suite d’une longue lutte des femmes. »
Au passage, Sophie Bessis nous apprend que dans les pays de l’ex-empire colonial français, les femmes subissent une double peine : les interdits coutumiers et religieux de leurs sociétés et la permanence dans leurs législations des lois héritées de l’époque où la France régnait. Ces lois n’ont pas été abrogées, notamment au Sénégal où l’avortement reste interdit.
Pourquoi insister sur le cas français ? Parce que la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 n’a pas entraîné automatiquement des avancées en matière de libre disposition de leurs corps par les femmes. La société doit se mobiliser pour porter ces revendications. Il n’y a guère, dans l’histoire récente, que les lois turque et tunisienne qui ont précédé l’évolution de la demande sociale.
Restons vigilantes…
Simone de Beauvoir l’avait prédit : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Benoîte Groult, autre figure du mouvement féministe des années 1960, rappelle dans son livre Ainsi soient-elles : « À toutes celles qui vivent dans l’illusion que l’égalité est acquise et que l’Histoire ne revient pas en arrière, que rien n’est plus précaire que les droits des femmes. À celles qui ne regardent ni derrière elles ni autour, je voudrais rappeler que les Allemandes de l’Est par exemple ont perdu, à la chute du mur de Berlin, des droits qu’elles croyaient acquis pour toujours. »
… et optimistes
Si, comme Sophie Bessis le prétend, les hommes dominent le corps des femmes faute de pouvoir enfanter, il est peut-être temps aujourd’hui de réviser ce dogme. Car ce fait biologique, autrefois incontournable, est aujourd’hui bouleversé par les techniques de procréation médicalement assistée. Même si ces bébés naissent toujours du ventre des femmes, l’acte qui leur donne vie n’est plus de même nature. Il n'est pas le résultat de l’asservissement physique d’un corps par un autre corps.
Enfin, et pour être tout à fait juste, si les femmes doivent lutter pour pouvoir disposer de leur corps comme elles le souhaitent, les hommes sont quant à eux prisonniers d’un système dans lequel ils doivent, pour exister dans leur identité masculine, obéir à des codes corporels contraignants : être forts, musclés, s’habiller de couleurs « viriles », vivre une sexualité « conquérante », refuser la vasectomie... En ont-ils tous envie ? Pas si sûr…
Sources
Si vous souhaitez lire l’intégralité de l’article de Sophie Bessis : « Le contrôle du corps des femmes à travers l’histoire. Essai de mise en perspective de la question de la santé sexuelle et reproductive des femmes dans le monde arabe » (2017),
Catherine Laurent, « 8 mars : à qui appartient le corps des femmes ? La réponse en images », Huffington Post, 7 mars 2021.
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