LE BEC MAGAZINE

Je suis vénère#3 Attention aux garçons

08.07.2021
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© Caroline R.

 

par Caroline R.

 

Je suis vénère qu’on m’ait fait grandir avec des “attention aux garçons”, tout en me dictant que je devais en trouver un de garçon, et un seul que j’aimerai et chérirai toute ma vie. 

Ouais, je suis vénère qu’on m’ait dit qu’il fallait avoir peur de ce que je devais désirer. Paye ta séance de psy – pardon, TES séances de psy – après. 

Tu ajoutes une dose de culpabilité chrétienne qui passe par là sans même que tu sois croyante. Tu pimentes le tout avec un amour pour les gens et les contacts, un désir qui te prend au bide sans prévenir à toute heure ou qui disparaît pendant des mois à coups de charges et désagréments de contraception, de petites agressions quotidiennes qui tentent de t’enfermer dans la case “bout de viande”, de monogamie normée, d’accouchements qui piquent et de grand footing après un je-ne-sais-quoi inatteignable. Tu allonges la sauce avec des milliers d’images à la minute qui t’ordonnent d’être sexy mais que t’es une “salope” si tu en fais trop et que tu désires au pluriel et boum… ça fait des chocapics ! 

Non, c’est pas vrai. Vous avez pris une sacrée substance si c’est ça que ça donne. Non, ça fait juste des bugs cérébraux, des angoisses et des insomnies, des engueulades, des mensonges à soi-même avant tout, et une trentenaire incapable de dire ce qu’elle aime. Et encore, j’ai eu la chance de faire de sacrées rencontres, de celles qui te retournent le cerveau, tes schémas, tes draps et tes emplois du temps, et d’avoir par je ne sais quelle chance le contexte, l’ouverture d’esprit et le courage de foncer dans ces questionnements et ces rencontres charnelles. 

Finalement, j’suis pas très forte pour verbaliser mes envies mais un peu plus outillée pour m’amuser dans un lit - ou ailleurs - les quelques fois où j’ai mis au chômage partiel toute ma flicaille qui me sert de morale. 

On retomberait donc dans le vieil adage “c’est ceux – et celles – qui en parlent le plus qui en mangent le moins” ?  (Quand vous en avez marre des références publicitaires des années 90, vous pouvez zapper.) Mais en fait, c’est un peu naze cette idée Mc Cainoise, parce que moi je crois que la pensée, l’action et la construction de l’identité sont hyper liées. 

Alors, comment se libérer des grands diktats quand on ne peut pas parler simplement de sexe et de désir ? Comment on fait pour aligner tout ça ? Je vais donc éteindre les pubs et aller lire et écouter des gens de tous genres confondus, si je peux, qui ont plus de bagages et d’ovaires, comme de couilles (ou rien de tout ça), mais juste du courage pour en parler, enrichir mon langage, pour mieux apprendre à me connaître et dépasser ces minables hontes et culpabilités tapies dans mes pensées. Et me sentir aussi libre que je le souhaite et parfois le prétends.

 

 

 

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