Corps et graphie
par Jacques-Rémy Girerd
Le corps humain est composé à 65 % de bouillon, enrichi de protéines, de suif, d’une bonne ration de sel, de sucre et quelques additifs plus ou moins réglementaires. Grâce à l’alchimie de cette tambouille élémentaire, l’agrégat turbulent sorti du néant est capable d’écrire des fables, fricasser des aubergines au paprika, se tenir en équilibre sur la tête d’un autre bipède et exulter à la faveur de câlineries affriolantes. Ce petit miracle organique éclairé de l’intérieur témoigne d’une véritable propension à jouer, et pas seulement au docteur. Ainsi, le corps des hommes comme celui des femmes donne accès à d’infinies prouesses ludiques : peindre des bisons au plafond, se déguiser en déesse, mutualiser une bouillabaisse, jongler avec des œufs, marcher sur un fil, faire un ippon à un Nippon, pisser dans un violon, recoudre un bouton, tenter la brouette javanaise, ramener sa fraise, fendre du bois et bien d’autres choses encore… Le châssis est assez bien fichu. Souple, sensible, relativement bien articulé, partageur, c’est un formidable instrument de jeu. Théo Curin, amputé des deux bras et des deux jambes, vient de traverser de part en part le lac Titicaca en 10 jours. Quelle leçon !
Tout est possible avec ce sac de viande et d’os issu du grand potage, même de gribouiller des jeux de mots et filouter des images.
Cet article vous a plu ? Pour encourager la publication
des prochains numéros, inscrivez-vous simplement à notre newsletter !
Gribouillages #2
Politique, cinéma, TV, religion, business… La culture du viol et la pédophilie ont intégré tous les domaines. Florilège.